Cette
biopsie a intéressé une structure ganglionnaire d’architecture conservée. Les
follicules lymphoïdes sont de petite taille à centre atrophique, pauvre en
éléments lymphoïdes, constitués essentiellement de cellules folliculaires
dendritiques. La couronne du manteau est constituée d’éléments disposés par
endroits en file indienne (aspect en bulbe d’oignon). Certains follicules ont
un vaisseau afférent à paroi épaissie hyalinisée.
Les
zones interfolliculaires sontrichement
vascularisées. Elles renferment par endroits de nombreux plasmocytes de petite
taille, bien différenciés, regroupés en petites plages.
• Immunomarquages et hybridation in situ
Les
immunomarquages confirment la répartition normale des territoires B (CD20+) et
T (CD5+).
L’immunomarquage
avec l'anti-HHV8 est positif dans quelques cellules d’assez grande taille
situées essentiellement dans les couronnes folliculaires. Ces cellules sont par
ailleurs monotypiques IgM lambda. La population plasmocytaire interfolliculaire
est polytypique. Le CD30 est positif dans de rares cellules activées.
L’hybridation
in situ EBER est positive dans
quelques lymphocytes de petite taille qui ne sont pas HHV8+.
• Données cliniques complémentaires
Le
patient présente de multiples adénopathies superficielles et profondes sans
hépato-splénomégalie. Il existe également une altération de l’état général, un syndrome
inflammatoire, une hypergammaglobulinémie et une anémie hémolytique auto-immune,
ainsi que des lésions cutanées de maladie de Kaposi. La PCR HHV8 sanguine est positive.
Diagnosis information
Diagnostic proposé
Maladie de Castleman multicentrique HHV8+ (forme mixte).
Code ADICAP : PHSG6779
Discussion
La
maladie de Castleman regroupe plusieurs entités ayant des présentations
cliniques et des aspects anatomopathologiques très différents.
• Maladie de Castleman unicentrique
La
maladie de Castleman unicentrique atteint en général une seule aire
ganglionnaire (souvent médiastinale) et il n'y a ni signes généraux ni anomalie
biologique.
Le
diagnostic est porté sur une pièce d’exérèse ou, moins fréquemment, sur une
biopsie.
L’aspect
anatomopathologique correspond le plus souvent à une forme dite "hyaline
vasculaire" associant des follicules lymphoïdes atrophiques avec un centre
déplété en cellules lymphoïdes, une couronne du manteau avec un aspect en bulbe
d’oignon et un vaisseau afférent au follicule, à paroi épaissie, hyalinisée.
Les zones interfolliculaires sont le siège d’une hypervascularisation sans
plasmocytose.
Le
traitement est le plus souvent purement chirurgical.
La
gravité de cette entité tient aux pathologies pouvant être associées :
pemphigus et sarcome à cellules folliculaires dendritiques.
• Maladie de Castleman multicentrique
La
maladie de Castleman multicentrique regroupe deux entités, une liée à l’HHV8 et
l’autre non liée à l’HHV8 et dite idiopathique.
- Maladie de Castleman multicentrique liée
à l'HHV8
Elle
survient chez des patients infectés par le VIH dans la moitié des cas.
Sa
présentation clinique est souvent très agressive avec des signes généraux et
biologiques très importants : syndrome inflammatoire, hypergammaglobulinémie,
anémie hémolytique auto-immune, épanchements séreux, syndrome
d’hémophagocytose, ...
Le
diagnostic peut être porté sur une biopsie à l’aiguille, sinon sur une pièce
d’exérèse.
Histologiquement,
la forme la plus fréquente est la forme dite "plasmocytaire"
associant une plasmocytose importante des zones interfolliculaires sans
anomalie importante des follicules lymphoïdes. La forme "mixte" qui
associe les anomalies de la forme hyaline vasculaire et une plasmocytose des
zones interfolliculaires, est plus rare. Par ailleurs, on identifie de manière
caractéristique des cellules dites plasmoblastiques de grande taille qui sont
HHV8+ et monotypiques IgM lambda. La population plasmocytaire interfolliculaire
est, quant à elle, polytypique.
Cette
entité peut être associée à d’autres pathologies liées à l'HHV8 comme la
maladie de Kaposi, le lymphome B diffus à grandes cellules HHV8+ SAI (NOS) et le lymphome des séreuses.
Outre
le traitement anti-rétroviral de l’infection VIH, sa prise en charge repose sur
un traitement par anti-CD20 et/ou par chimiothérapie.
- Maladie de Castleman multicentrique
idiopathique
Elle
est rare et ce diagnostic ne doit être porté qu’après l'élimination de toutes
les autres pathologies pouvant donner des aspects Castleman-like (pathologies infectieuses notamment
à l’EBV, pathologies auto-immunes : lupus, maladie de Still, …) et pathologies
tumorales (lymphomes de Hodgkin et non hodgkinien).
La
maladie de Castleman multicentrique idiopathique survient chez des patients non
immunodéprimés. Cliniquement, ces patients se présentent avec de la fièvre, une
altération de l’état général, un syndrome inflammatoire et une
hypergammaglobulinémie.
Histologiquement,
la forme la plus fréquente est la forme plasmocytaire.
Le
diagnostic sur biopsie à l’aiguille est souvent difficile et une exérèse
chirurgicale est alors nécessaire.
Il
existe une forme clinique particulière le TAFRO syndrome qui associe une
thrombopénie, un anasarque, une fibrose médullaire, une atteinte rénale et une
organomégalie.
Le
traitement de ces entités repose sur l'utilisation d'anticorps monoclonaux
anti-IL-6 ou anti-récepteur de l’IL-6 et, éventuellement, sur un traitement par
anti-CD20.
Conclusion
Devant
tout aspect de maladie de Castleman, il convient donc de faire une corrélation
avec les données cliniques et biologiques. Sur le plan anatomopathologique, il
est recommandé de faire un immunomarquage anti-HHV8, une hybridation in situ EBER, un immunomarquage anti-CD30,
des immunomarquages anti-chaînes légères et lourdes des immunoglobulines et
d’autres marqueurs lymphoïdes à la recherche d’une éventuelle pathologie
tumorale lymphomateuse associée.